Comment calculer la capitalisation boursière des crypto-monnaies

Quand vous voyez que Bitcoin vaut 2,3 billions de dollars et Ethereum 510 milliards, vous pourriez penser que c’est juste une question de prix. Mais ce n’est pas le prix seul qui détermine la taille réelle d’une crypto-monnaie. C’est la capitalisation boursière - ou market cap - qui vous dit vraiment combien une crypto vaut sur le marché. C’est le nombre que les investisseurs utilisent pour comparer Bitcoin à un petit jeton inconnu, ou pour décider si un projet est sérieux ou risqué. Et la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez le calculer vous-même en moins de 30 secondes.

La formule de base : prix multiplié par la circulation

La formule pour calculer la capitalisation boursière d’une crypto-monnaie est simple :

Capitalisation = Prix actuel × Offre en circulation

Le prix actuel, c’est ce que vous voyez sur CoinGecko, Coinbase ou Binance : combien coûte une seule unité de cette crypto en ce moment. Le nombre en circulation, c’est le nombre total de pièces ou de jetons qui sont déjà créés et disponibles pour être échangés sur le marché. Ce n’est pas le nombre total qui sera jamais créé - seulement ceux que les gens peuvent acheter ou vendre aujourd’hui.

Exemple concret : si Bitcoin vaut 52 000 $ et qu’il y a 19,6 millions de BTC en circulation, vous faites le calcul : 52 000 × 19 600 000 = 1 019 200 000 000 $. Soit 1,019 trillion de dollars. C’est la capitalisation boursière de Bitcoin. Pas besoin d’outil compliqué. Une calculatrice, et c’est fini.

Pourquoi l’offre en circulation est cruciale

Beaucoup de débutants se trompent en utilisant le nombre total de pièces qui existent (ou même le maximum possible). Mais ce n’est pas ça qui compte. Si un projet a créé 1 milliard de jetons, mais qu’il n’en a mis que 100 millions en circulation, alors seuls ces 100 millions comptent pour la capitalisation. Les autres sont bloqués - peut-être en réserve pour l’équipe, en staking, ou en attente de déblocage dans 5 ans.

Imaginons deux projets :

• Project A : 10 millions de jetons en circulation à 2 $ chacun → capitalisation = 20 millions de $
• Project B : 5 millions de jetons en circulation à 3 $ chacun → capitalisation = 15 millions de $

Même si le prix de B est plus élevé, A vaut plus sur le marché. C’est ça l’avantage de la capitalisation : elle élimine le piège du prix élevé. Un jeton à 10 $ peut être une petite entreprise. Un jeton à 0,10 $ peut être un géant. C’est la capitalisation qui le dit.

Les trois types de capitalisation - et quand les utiliser

Il n’y a pas qu’un seul type de capitalisation. Il en existe trois, et chaque type vous donne une vision différente.

1. Capitalisation en circulation (la plus utilisée)

C’est celle qu’on vient de voir : prix × offre en circulation. C’est le standard. Tous les sites comme CoinGecko, CoinMarketCap et TradingView l’utilisent pour classer les crypto-monnaies. C’est celle que vous devez regarder pour comprendre la taille réelle du marché aujourd’hui.

2. Capitalisation totale

Elle inclut toutes les pièces créées, même celles qui ne sont pas encore disponibles - comme celles réservées à l’équipe, aux investisseurs initiaux, ou en attente de minage. C’est utile pour voir combien de pièces existent au total, mais elle surévalue souvent la valeur réelle du marché. Si 80 % des pièces sont bloquées, ce chiffre ne reflète pas la réalité des échanges.

3. Capitalisation complètement diluée (FDV)

C’est la plus méconnue, mais la plus importante pour les investisseurs à long terme. La formule : prix actuel × offre maximale possible.

Exemple : un jeton à 0,50 $ avec une offre maximale de 10 milliards. FDV = 5 milliards de $. Même si seulement 100 millions sont en circulation (capitalisation réelle = 50 millions), le FDV vous dit : « Si toutes les pièces étaient libérées, la valeur totale pourrait atteindre 5 milliards. »

Le FDV est un avertissement. Si un projet a un FDV de 10 milliards mais que seulement 50 millions sont en circulation, ça veut dire que 99,5 % des pièces sont encore à venir. C’est un risque énorme : quand ces pièces seront libérées, le prix risque de s’effondrer. C’est pourquoi les investisseurs expérimentés vérifient toujours le FDV avant d’acheter un petit jeton.

Comment la capitalisation vous aide à éviter les arnaques

Un jeton à 0,001 $ peut sembler une opportunité - « J’achète 1 million de pièces pour 1 000 $, et si ça monte à 0,01 $, je fais 10x ! » Sauf que… sa capitalisation est de 1,2 million de $. C’est une micro-cap. Très peu de liquidité. Très peu de confiance. Très facile à manipuler.

En revanche, un jeton à 1,50 $ avec une capitalisation de 12 milliards de $ ? C’est un actif majeur. Il a des échanges profonds, des investisseurs institutionnels, et une histoire. La capitalisation vous permet de filtrer les « promesses » des projets réels.

Sur Reddit, un utilisateur a raconté comment il a évité une arnaque : un jeton prétendait révolutionner la finance décentralisée. Prix : 5 cents. Capitalisation : 2 millions de $. Il a fait un tour sur CoinGecko, vu que le volume quotidien était de 80 000 $ - moins de 4 % de la capitalisation. Ce n’est pas un marché actif. C’est un piège. Il a fermé la page.

Les limites de la capitalisation - ce qu’elle ne dit pas

La capitalisation est un excellent outil, mais ce n’est pas une bible. Voici ce qu’elle ne mesure pas :

• La liquidité : un projet peut avoir une capitalisation élevée, mais si personne ne le négocie, il est inutile. Vérifiez le volume sur 24h : il devrait être au moins 1 % de la capitalisation (idéalement plus).
• La distribution : si 90 % des pièces sont dans les poches de 3 personnes, ce n’est pas un marché libre. C’est une manipulation.
• La valeur réelle du protocole : une crypto peut avoir une grande capitalisation mais générer très peu de transactions. C’est le cas de certaines chaines qui se concentrent sur le trading spéculatif, pas sur l’utilisation réelle.

Les professionnels utilisent d’autres métriques en complément : le ratio MVRV (Market Value to Realized Value), le nombre d’adresses actives, ou le volume de transactions sur la blockchain. Mais la capitalisation reste la première étape - le filtre initial.

Comment les grands acteurs utilisent la capitalisation

En 2025, 92 % des fonds institutionnels considèrent la capitalisation comme un critère critique pour choisir les crypto-monnaies. Les fonds comme Bitwise 10 Crypto Index Fund utilisent la capitalisation pour pondérer leurs portefeuilles : plus une crypto est grande, plus elle en prend.

Les grandes banques - Goldman Sachs, Fidelity - l’utilisent comme point de départ. Elles ne vont pas analyser un jeton avec une capitalisation de 50 millions de $ avant d’avoir vu les géants. C’est comme regarder les entreprises du S&P 500 avant de chercher des start-ups.

Et même les régulateurs s’en servent. La SEC a proposé en 2025 de considérer les crypto-monnaies avec une capitalisation supérieure à 10 milliards de $ comme « trop importantes pour être des titres non-sécurisés » - ce qui signifie qu’elles pourraient être soumises à des règles plus strictes.

Les erreurs à éviter

Voici les 3 erreurs les plus courantes :

1. Confondre prix et capitalisation : un jeton à 0,05 $ n’est pas « bon marché » si sa capitalisation est de 800 millions.
2. Ignorer le FDV : si un projet a un FDV 20 fois plus élevé que sa capitalisation réelle, vous êtes en train d’acheter un temps bomb.
3. Ne pas vérifier la source : certaines plateformes affichent des chiffres erronés sur l’offre en circulation. Utilisez CoinGecko ou CoinMarketCap, et croisez avec les données de la blockchain (via Etherscan ou Solana Explorer).

Un conseil pratique : quand vous voyez un jeton dans les classements, regardez toujours les trois chiffres : prix, capitalisation en circulation, et FDV. Si vous ne comprenez pas la différence, ne misez pas d’argent.

Les catégories de capitalisation - comment les classer

Les analystes divisent les crypto-monnaies en catégories selon leur capitalisation :

• Large-cap : plus de 10 milliards de $ (Bitcoin, Ethereum, Solana)
• Mid-cap : entre 1 et 10 milliards (Avalanche, Chainlink, Polygon)
• Small-cap : entre 50 millions et 1 milliard
• Micro-cap : moins de 50 millions

Les large-cap sont plus stables. Selon Messari, Bitcoin a une volatilité moyenne de 3,2 % sur 30 jours. Les mid-cap, eux, oscillent à 12,7 %. Les micro-cap peuvent monter de 50 % en une journée… ou s’effondrer de 80 %. La capitalisation vous dit quel niveau de risque vous prenez.

Conclusion : la capitalisation, un outil simple mais puissant

Calculer la capitalisation boursière d’une crypto-monnaie ne demande pas d’être un expert. C’est une multiplication. Mais comprendre ce que ce chiffre signifie, c’est ce qui fait la différence entre un investisseur qui suit les tendances et un investisseur qui les comprend.

La capitalisation ne vous dit pas si une crypto va monter. Mais elle vous dit si elle est grande, stable, ou risquée. Elle vous permet d’éviter les arnaques, de comparer des projets différents, et de savoir où placer votre argent. Et dans un marché où tout semble chaotique, c’est une boussole fiable.

La prochaine fois que vous verrez un jeton qui « va exploser », faites le calcul. Regardez la capitalisation. Regardez le FDV. Regardez le volume. Vous ne serez pas un expert en une semaine. Mais vous serez déjà plus malin que 80 % des gens qui entrent dans le marché.