Comment les Vénézuéliens utilisent la crypto-monnaie face à l'hyperinflation

Comment les Vénézuéliens utilisent la crypto-monnaie face à l'hyperinflation déc., 1 2025

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À Caracas, un café coûte 10 millions de bolívars. Mais personne ne paie en bolívars. Les prix sont affichés en USDT. C’est la monnaie réelle maintenant. Pas parce que les gens aiment la technologie, mais parce qu’ils n’ont pas le choix. Le bolívar a perdu plus de 70 % de sa valeur depuis le début de l’année 2025. Un salaire mensuel ne suffit plus à acheter un kilo de riz. Alors, les Vénézuéliens ont trouvé une autre voie : la crypto-monnaie.

La crypto n’est pas un investissement, c’est une survie

Beaucoup pensent que la crypto, c’est pour spéculer, pour devenir riche en quelques jours. Au Venezuela, ce n’est pas le cas. Ici, personne ne trade pour le profit. On utilise Bitcoin ou USDT pour manger, payer le loyer, envoyer de l’argent à sa famille à l’étranger. Carlos, un mécanicien de Caracas, dit : "Je reçois mon salaire en bolívars, mais je le convertis en USDT avant même de quitter le travail. Sinon, en deux jours, il ne vaut plus rien."

Les entreprises aussi ont changé. Les marchands de rue acceptent des paiements en Bitcoin via une application sur leur téléphone. Les universités paient les factures en USDT. Les supermarchés affichent deux prix : l’un en bolívars (quasi inutilisable), l’autre en "Binance dollars" - c’est comme ça qu’on appelle l’USDT ici, parce que Binance est la plateforme la plus utilisée.

Comment ça marche au quotidien ?

La plupart des Vénézuéliens n’ont pas accès à une banque fiable. Les comptes sont gelés, les transferts bloqués, les cartes bancaires inopérantes. Alors, ils utilisent des plateformes P2P comme Binance P2P ou LocalBitcoins. Ils achètent de l’USDT en échange de cash, de cartes-cadeaux ou même de produits de première nécessité. Il n’y a pas de banque intermédiaire. C’est direct : tu donnes 100 dollars en espèces à un vendeur, il t’envoie 100 USDT sur ton téléphone.

Le réseau TRC-20 est le plus populaire. Pourquoi ? Parce que les frais sont presque nuls. Un transfert d’USDT coûte moins de 5 cents. Avec le bolívar, transférer de l’argent entre villes coûte des heures, des allers-retours à la banque, et souvent, une perte de valeur en chemin. Avec l’USDT, c’est instantané. Même si l’internet est lent ou coupé quelques heures par jour, une seule connexion suffit pour envoyer de l’argent à l’autre bout du pays.

Les trois taux de change - et pourquoi le bolívar n’existe plus

Il n’y a plus un seul taux de change au Venezuela. Il y en a trois :

  • Le taux officiel du Banque centrale - totalement déconnecté de la réalité
  • Le "dólar negro" - le taux du marché noir, souvent 10 fois plus élevé que l’officiel
  • Le taux USDT - le seul qui compte vraiment pour les transactions réelles

Un restaurant peut afficher un menu à 50 000 bolívars. Mais quand tu paies, le serveur te demande : "C’est combien en USDT ?" Parce que le bolívar n’est plus un indicateur de valeur. Il ne sert plus qu’à compter les chiffres. L’USDT, lui, garde sa valeur. Un USDT = un dollar américain. Point final.

Une famille partage un téléphone sur un banc de parc, recevant des pièces USDT en échange de cash, sous un ciel crépusculaire.

Les défis - et comment les gens les surmontent

Il n’y a pas de magie ici. La vie est dure. Le courant est coupé souvent. Les téléphones se déchargent. L’internet est cher et lent. Beaucoup n’ont qu’un seul smartphone, partagé entre toute la famille.

Pourtant, les gens trouvent des solutions. Ils utilisent des batteries externes. Ils se retrouvent dans les parcs où le Wi-Fi est libre. Ils échangent des USDT en personne, dans les rues, dans les bus, dans les files d’attente. Certains utilisent des cartes prépayées pour convertir des crypto en argent liquide. D’autres se servent de groupes WhatsApp pour organiser des échanges : "J’ai 50 USDT à vendre, je suis à la station de métro El Silencio à 17h."

La sécurité est un autre problème. Beaucoup ne comprennent pas ce qu’est une clé privée. Ils laissent leur portefeuille sur leur téléphone sans protection. Les escroqueries existent. Mais la communauté apprend vite. Les plus expérimentés aident les nouveaux. Il n’y a pas de cours officiels. C’est du bouche-à-oreille, du partage, de la survie.

Le Petro - l’échec du gouvernement

En 2018, le gouvernement a lancé le Petro, une crypto-monnaie d’État, prétendument soutenue par les réserves pétrolières du pays. Personne n’y a cru. Les gens savaient que c’était une arnaque. En 2024, le Petro a été officiellement abandonné. Il n’est plus utilisé. Pas un seul commerçant n’accepte le Petro. Pourquoi ? Parce que les Vénézuéliens ont appris une chose : les monnaies contrôlées par le gouvernement ne valent rien. Ce sont les monnaies décentralisées - Bitcoin, USDT - qui leur ont sauvé la vie.

Une pièce USDT géante protège une ville en ruine, tandis que des enfants distribuent des crypto-monnaies, un Petro brisé est caché sous terre.

Les limites - la crypto ne résout pas tout

La crypto ne guérit pas l’hyperinflation. Elle ne crée pas de nouveaux emplois. Elle ne répare pas les routes, ni les hôpitaux, ni les écoles. Elle ne fait que permettre aux gens de survivre dans un système effondré. Les analystes disent que c’est une solution temporaire. Mais quand ta monnaie nationale ne vaut plus rien, une solution temporaire, c’est déjà une révolution.

Les sanctions américaines rendent les choses plus compliquées. Certains échanges sont bloqués. Les banques internationales refusent de traiter avec les plateformes vénézuéliennes. Mais les gens continuent. Ils trouvent des moyens. Des intermédiaires. Des réseaux informels. Des passerelles. La demande est trop forte pour être arrêtée.

Le futur - tout va continuer à s’accentuer

Le pays est en crise politique. Les élections de juillet 2024 ont été contestées. Les États-Unis reconnaissent un président d’opposition. Le gouvernement de Maduro ne reconnaît pas la légitimité de cette reconnaissance. Rien ne change dans la rue. Les gens continuent d’utiliser l’USDT. Parce que la valeur de la monnaie ne dépend pas d’un homme, mais d’un réseau. Et ce réseau, il fonctionne.

Les jeunes apprennent à utiliser la crypto à l’école. Les parents leur montrent comment acheter de l’USDT. Les entreprises embauchent des "crypto assistants" pour gérer les paiements. Même les marchés informels, les plus fragiles, ont intégré la crypto. C’est devenu une infrastructure. Comme l’eau ou l’électricité. Quand ça manque, tout s’arrête. Mais ici, ça marche. Même quand le pays s’effondre.

Le Venezuela ne va pas devenir une nation crypto. Mais il est déjà la première nation où la crypto est devenue la monnaie de survie. Et ça, c’est quelque chose de nouveau dans l’histoire de l’économie.

Pourquoi les Vénézuéliens utilisent-ils l’USDT plutôt que le Bitcoin ?

L’USDT est préféré parce qu’il est stable : 1 USDT = 1 dollar américain. Le Bitcoin, lui, est très volatil. Si tu gagnes 0,5 BTC aujourd’hui et que sa valeur chute de 20 % demain, tu ne peux plus payer ton loyer. Avec l’USDT, tu sais exactement combien tu as. Les petits commerçants n’ont pas le temps ni les moyens de gérer des fluctuations. L’USDT, c’est le dollar numérique, simple et fiable.

Est-ce légal d’utiliser la crypto au Venezuela ?

Le gouvernement n’a jamais légalisé officiellement la crypto, mais il ne l’interdit pas non plus. Il tolère l’usage de l’USDT et du Bitcoin parce qu’il ne peut pas l’arrêter. Il a même tenté de le contrôler avec le Petro - et a échoué. Aujourd’hui, les autorités font des descentes sur les mines de crypto, mais elles ne touchent pas aux utilisateurs ordinaires. La population est trop nombreuse, et la dépendance à la crypto est trop grande pour être réprimée.

Les Vénézuéliens peuvent-ils envoyer de l’argent à l’étranger avec la crypto ?

Oui, c’est l’une des principales utilisations. Avant, les envois de fonds coûtaient cher et prenaient des jours. Aujourd’hui, une personne à Miami peut envoyer 200 USDT à sa famille à Maracaibo en 10 minutes. Les frais sont de 1 à 2 %, contre 10 à 20 % avec les services traditionnels. Près de 9 % des envois de fonds vers le Venezuela en 2023 ont été faits en crypto. C’est devenu la voie principale pour aider les proches.

Les Vénézuéliens utilisent-ils d’autres crypto-monnaies que l’USDT et le Bitcoin ?

Rarement. L’USDT et le Bitcoin sont les seuls largement acceptés. Les autres crypto-monnaies - Ethereum, Solana, etc. - sont trop complexes, trop volatiles ou trop chères à utiliser. Les gens veulent de la simplicité. Ils ne veulent pas trader. Ils veulent juste payer leur facture. L’USDT est la seule qui correspond à ce besoin.

La crypto va-t-elle sauver l’économie vénézuélienne ?

Non. La crypto ne crée pas de richesse. Elle ne répare pas les infrastructures, ne relance pas l’industrie, ne réduit pas la pauvreté. Elle permet juste aux gens de conserver la valeur de leur travail, de payer pour leur nourriture, et d’envoyer de l’argent à leur famille. C’est une bouée de sauvetage, pas une solution structurelle. Le vrai problème, c’est la corruption, les sanctions, la mauvaise gestion. La crypto ne peut pas les résoudre. Mais elle permet de survivre jusqu’à ce qu’un vrai changement arrive.

5 Commentaires

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    Patrick Hochstenbach

    décembre 2, 2025 AT 10:31

    Incroyable ce que les Vénézuéliens arrivent à faire avec peu… J’ai lu ça en pensant à mon grand-père qui a vécu la guerre, et là, c’est pareil : pas de banque, pas de sécurité, mais une ingéniosité folle. L’USDT, c’est leur pain quotidien. C’est pas de la tech, c’est de la survie. Bravo à eux.

    Je suis belge, et je n’arrive même pas à comprendre comment on peut vivre comme ça… mais je respecte profondément.

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    Sophie Spillone

    décembre 3, 2025 AT 23:57

    OH MON DIEU C’EST L’APOCALYPSE NUMÉRIQUE ET JE SUIS TOMBÉE DANS UN RÉCIT DE SCIENCE-FICTION !!!!

    Les Vénézuéliens ont transformé leur téléphone en trésor national, leur Wi-Fi en pont aérien, et leur smartphone en banque centrale !

    Je pleure. Je crie. Je veux leur offrir une batterie portable en or massif.

    Le Petro ? C’était le pire film de Netflix jamais produit… et ils l’ont viré comme un ex toxique !

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    Nicole Flores

    décembre 5, 2025 AT 18:28

    Et bien sûr, les Américains sont derrière tout ça. Qui a inventé le Bitcoin ? Les CIA. Qui a créé Binance ? Des agents du FBI en vacances à Singapour.

    Le Venezuela ne fait que jouer le jeu des oligarques. La crypto, c’est une arme pour affaiblir les nations souveraines. Et les gens, hypnotisés par leur téléphone, croient qu’ils sont libres.

    La vraie liberté, c’est d’avoir une monnaie nationale, même si elle vaut rien. Au moins, elle est à nous.

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    Nathalie Verhaeghe

    décembre 6, 2025 AT 04:55

    Je suis vraiment impressionnée par la manière dont la communauté s’organise sans infrastructure. Les transferts TRC-20 à 0,05 $, les échanges P2P en personne, les groupes WhatsApp pour les transactions… C’est un modèle d’innovation sociale à petite échelle, ultra-résilient.

    Et ce qu’on oublie souvent, c’est que ce n’est pas la technologie qui sauve, c’est la confiance humaine. Les gens se font confiance, même sans contrat, sans banque, sans garantie. C’est presque philosophique.

    Je vais partager ça dans mon cours de gestion de crise à l’université. 🙌

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    Danielle Kempf

    décembre 6, 2025 AT 19:35

    Il est inacceptable que des citoyens soient contraints d’utiliser des monnaies privées pour survivre. C’est une violation des droits fondamentaux. L’État a la responsabilité de garantir une monnaie stable, pas de laisser ses habitants dépendre de plateformes commerciales comme Binance.

    Le Venezuela devrait être condamné par les Nations Unies pour négligence économique. La crypto n’est pas une solution, c’est une capitulation.

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