Impôts sur les crypto-monnaies en Russie : ce qu'il faut savoir en 2025
nov., 18 2025
Calculateur d'impôt sur les crypto-monnaies en Russie 2025
Depuis le 1er janvier 2025, la Russie a mis en place un cadre fiscal strict pour les crypto-monnaies, avec des règles claires, des sanctions sévères et des restrictions inédites. Ce n’est plus un territoire sauvage où tout le monde déclare ce qu’il veut. Désormais, chaque transaction, chaque mineur, chaque portefeuille est sous surveillance. Si vous détenez des crypto-monnaies en Russie - ou si vous y vivez - vous devez comprendre cette loi. Sinon, vous risquez des amendes, des pénalités, ou pire : des poursuites.
Comment les crypto-monnaies sont-elles taxées en Russie en 2025 ?
La loi fédérale No. 418-FZ, signée par Poutine en novembre 2024, a changé la donne. Les crypto-monnaies ne sont plus considérées comme une monnaie, mais comme un biens. Cela signifie que tout gain réalisé en les vendant, les échangeant ou les utilisant pour payer des biens est imposable. Pas de miracle : si vous avez acheté du Bitcoin à 2 millions de roubles et que vous le vendez à 4 millions, vous avez un gain de 2 millions. Et ce gain est soumis à l’impôt sur le revenu.
Pour les particuliers, le taux d’imposition est progressif : 13 % sur les gains jusqu’à 2,4 millions de roubles (environ 32 653 $), et 15 % au-delà. Ce n’est pas un taux élevé - en comparaison avec d’autres pays européens, c’est même bas. Mais il y a un piège : ce revenu est regroupé avec vos autres revenus financiers, comme les actions ou les obligations. Si vous avez gagné 1,5 million en actions et 1,2 million en crypto, vous dépassez le seuil de 2,4 millions. Vos crypto-monnaies passent alors à 15 %, même si vous n’avez pas gagné plus de 2,4 millions uniquement avec elles.
Les non-résidents, eux, paient un taux fixe de 30 %. Pas de seuil, pas de réduction. Un simple transfert vers un portefeuille étranger ne vous protège pas. Si vous êtes considéré comme non-résident (moins de 183 jours sur le territoire russe en une année), vous êtes taxé à 30 % sur chaque vente.
Les entreprises ne peuvent pas échapper à la loi
Si vous minez des crypto-monnaies ou vous en servez comme activité commerciale, la situation est encore plus rigoureuse. Les entreprises doivent utiliser le régime d’imposition général (OSNO). Les régimes simplifiés, comme l’USN ou l’ESHN, sont interdits pour les activités liées aux crypto-monnaies. Cela force les mineurs à payer 25 % d’impôt sur les bénéfices - un taux 20 % plus élevé que le taux standard pour d’autres entreprises.
Et ce n’est pas tout. Pour calculer votre bénéfice, vous ne pouvez pas utiliser n’importe quel prix. La loi oblige à utiliser les cours de marchés étrangers spécifiques : des plateformes qui ont un volume journalier supérieur à 100 milliards de roubles (environ 1,36 milliard $) et qui publient leurs données depuis au moins trois ans. Cela exclut la plupart des exchanges russes ou locaux. Vous devez donc tracer chaque transaction avec des données venant de Binance, Coinbase, Kraken ou d’autres plateformes étrangères certifiées. Pas de choix. Pas d’approximation.
Les restrictions sur le mining sont sévères
Le mining n’est pas seulement taxé : il est contrôlé géographiquement. Dans certaines régions, il est complètement interdit jusqu’en 2031 : le Daguestan, la Tchétchénie, et les républiques séparatistes du Donbass et de Lougansk. Dans d’autres, comme l’Irkoutsk, la Bouriatie et le Kraï de Zabaïkal, le mining est interdit pendant les périodes de pénurie énergétique - généralement en hiver, quand la demande de chauffage explose.
Depuis l’application de la loi, les opérations de mining ont chuté de 22 % dans les régions touchées. Les mineurs ont dû arrêter leurs machines ou déplacer leur équipement à l’étranger. Certains ont même vendu leurs ASIC à des acheteurs chinois ou kazakhs. Les coûts énergétiques et les restrictions locales ont rendu le mining en Russie beaucoup moins rentable qu’avant.
La déclaration est obligatoire - et complexe
Chaque trimestre, vous devez déclarer vos transactions à l’administration fiscale. Pas seulement les ventes. Tous les achats, échanges, transferts entre portefeuilles, paiements en crypto. Vous devez conserver : l’adresse du portefeuille, l’ID de la transaction, le taux de change au moment de l’opération, et la preuve du prix sur le marché autorisé.
Un grand nombre d’experts comptables ont admis qu’ils ont besoin de deux à trois semaines de formation pour gérer ces déclarations. Pourquoi ? Parce que les données sont dispersées. Un utilisateur peut avoir acheté du Bitcoin sur Binance, échangé contre Ethereum sur KuCoin, puis payé un service avec du Dogecoin sur une plateforme P2P. Chaque étape doit être reconstituée. Certains Russes ont passé plus de 37 heures à calculer leurs impôts pour un seul mois en janvier 2025.
Et si vous oubliez ? Les amendes peuvent atteindre 40 000 roubles (environ 545 $) pour un simple oubli de déclaration. Si vous ne payez pas les impôts dus, les pénalités varient entre 15 % et 40 % du montant non payé, avec des intérêts journaliers. La loi ne fait pas de distinction entre erreur et fraude. La faute est punie, même si c’est involontaire.
Il n’y a pas d’exemption pour les longs termes
En Russie, si vous détenez une voiture, un ordinateur ou un bijou pendant plus de trois ans, vous ne payez pas d’impôt sur la vente. C’est une exemption classique pour les biens mobiliers. Mais les crypto-monnaies en sont exclues. Même si vous avez gardé du Bitcoin pendant 10 ans, vous devez payer l’impôt dès que vous le vendez. Il n’y a aucune réduction pour la durée de détention. C’est une différence majeure par rapport à d’autres pays comme les États-Unis ou l’Allemagne, où le holding long terme réduit ou élimine l’impôt.
Qui est touché par la loi ?
La loi ne cible pas seulement les grands investisseurs. Elle touche aussi les petits utilisateurs. Le seuil de déclaration est fixé à 600 000 roubles (environ 8 163 $) de transactions annuelles. Cela semble élevé, mais il est trompeur. Si vous faites 10 achats de 60 000 roubles chacun, vous dépassez le seuil. Et chaque transaction doit être déclarée. Selon les données de l’échange Garantex, 78 % de leurs utilisateurs ont un volume annuel inférieur à ce seuil. Pourtant, ils doivent garder des traces de chaque opération. Beaucoup n’ont pas les outils pour le faire. Cela crée une charge administrative inutile pour les particuliers ordinaires.
Les plateformes P2P (peer-to-peer) ont vu une hausse de 38 % de leur activité depuis janvier 2025. Les utilisateurs cherchent à éviter les déclarations en faisant des échanges directs. Mais ces transactions ne sont pas légales si elles dépassent le seuil. L’administration fiscale a déjà commencé à suivre les flux sur les plateformes P2P populaires. Rien n’est vraiment caché.
Les réactions sont divisées
Les grands acteurs du secteur sont divisés. L’Union des industriels et des entrepreneurs russes soutient la loi, surtout parce qu’elle élimine la TVA sur les transactions - ce qui, selon eux, stimule le marché. Ils estiment que les recettes fiscales pourraient atteindre 20 à 25 milliards de roubles d’ici 2026.
En revanche, la Haute École d’Économie critique le taux de 25 % pour les mineurs, le qualifiant de "trop élevé" et de "poussant les opérations vers l’informel". Ils prédisent que les revenus réels seront 30 à 40 % plus bas que ce que le ministère des Finances annonce. Et les utilisateurs ? Sur les forums comme RuTracker, 87 % se plaignent de ne pas pouvoir déduire les coûts d’électricité, de matériel ou de logiciels. Pour un mineur, ces frais peuvent représenter 60 % de ses dépenses. Mais la loi ne les reconnaît pas comme des déductions fiscales.
Quel avenir pour les crypto-monnaies en Russie ?
Le gouvernement prépare une autre mesure : le lancement du rouble numérique pour les paiements sociaux, dès octobre 2025. Cela pourrait réduire encore plus l’usage des crypto-monnaies pour les transferts quotidiens. Les institutions financières traditionnelles, elles, s’adaptent : 47 banques et fonds ont déjà rejoint le système de services crypto, en tant que fournisseurs agréés.
La Duma doit débattre d’amendements à la loi en juillet 2025, notamment sur le seuil de 600 000 roubles. Beaucoup pensent qu’il sera relevé ou remplacé par un seuil par transaction. Mais pour l’instant, la règle est claire : tout est déclarable, tout est imposable, et tout est surveillé.
Que faire si vous êtes concerné ?
Si vous êtes un particulier : conservez toutes vos transactions, utilisez un logiciel de suivi fiable, et calculez vos gains selon les cours des plateformes autorisées. Ne comptez pas sur l’oubli. La FTS a déjà commencé à croiser les données des exchanges étrangers avec les déclarations fiscales.
Si vous êtes un mineur : évaluez si vous pouvez rester rentable avec les restrictions énergétiques et le taux d’imposition de 25 %. Si non, envisagez de déplacer votre activité à l’étranger ou de la fermer.
Si vous êtes une entreprise : abandonnez les régimes simplifiés. Adoptez l’OSNO. Embauchez un comptable formé aux crypto. Ne prenez pas de risques. Les amendes ne valent pas le gain.
La Russie n’a pas interdit les crypto-monnaies. Elle les a encadrées. Et ce cadre est l’un des plus stricts au monde. Il ne s’agit plus de savoir si vous pouvez investir. Il s’agit de savoir si vous pouvez le faire sans être puni.
Les crypto-monnaies sont-elles légales en Russie en 2025 ?
Oui, les crypto-monnaies sont légales en Russie, mais elles sont strictement réglementées. Depuis le 1er janvier 2025, elles sont reconnues comme des biens et soumises à l’impôt sur le revenu. Toute transaction, vente ou échange doit être déclarée. L’interdiction ne concerne pas la détention, mais la non-déclaration ou l’évasion fiscale.
Quel est le taux d’impôt sur les gains en crypto en Russie ?
Pour les résidents, le taux est progressif : 13 % sur les gains jusqu’à 2,4 millions de roubles par an, et 15 % au-delà. Pour les non-résidents, le taux est fixe à 30 %. Ces taux s’appliquent à chaque gain réalisé, quel que soit le type de crypto ou la durée de détention.
Dois-je déclarer mes transactions même si je n’ai pas vendu de crypto ?
Oui. La loi oblige à déclarer toutes les transactions : achats, échanges entre crypto-monnaies, paiements en crypto, transferts entre portefeuilles. Même si vous n’avez pas converti en roubles, chaque échange est considéré comme une réalisation de gain ou de perte. La déclaration est trimestrielle et obligatoire pour tous les résidents.
Puis-je déduire les coûts d’électricité ou de matériel de mining ?
Non. La loi ne permet aucune déduction pour les frais liés au mining, y compris l’électricité, le matériel, les logiciels ou les frais de maintenance. Tous les gains sont calculés sur la base du prix de vente, sans réduction des coûts. C’est l’une des critiques les plus fréquentes des mineurs russes.
Quelles sont les sanctions pour non-déclaration ?
Les sanctions sont sévères : jusqu’à 40 000 roubles d’amende pour non-déclaration trimestrielle, et entre 15 % et 40 % du montant impayé en pénalités, avec des intérêts journaliers. En cas de fraude avérée, les autorités peuvent saisir les actifs ou engager des poursuites pénales.
Le mining est-il interdit dans certaines régions de Russie ?
Oui. Le mining est totalement interdit dans le Daguestan, la Tchétchénie et les républiques séparatistes du Donbass et de Lougansk jusqu’en 2031. Dans les régions à forte consommation énergétique comme l’Irkoutsk et la Bouriatie, il est suspendu pendant les périodes de pénurie hivernale. Ces restrictions ont réduit de 22 % les opérations de mining dans ces zones.
Puis-je utiliser des plateformes P2P pour éviter la déclaration ?
Techniquement, oui - mais c’est risqué. Les transactions P2P ne sont pas exemptées de déclaration. Si votre volume annuel dépasse 600 000 roubles, vous êtes tenu de les déclarer. L’administration fiscale surveille déjà les plateformes P2P populaires et croise les données avec les déclarations. Éviter la déclaration ne vous protège pas : cela augmente simplement vos risques.
Le rouble numérique va-t-il remplacer les crypto-monnaies en Russie ?
Le rouble numérique n’est pas conçu pour remplacer les crypto-monnaies, mais pour les compléter dans certains usages, notamment les paiements sociaux. Il est centralisé et contrôlé par la Banque de Russie, tandis que les crypto-monnaies restent décentralisées. Cependant, l’accent mis sur le rouble numérique pourrait réduire l’usage des crypto-monnaies pour les transactions quotidiennes, surtout si les paiements gouvernementaux deviennent exclusivement numériques.