Trading souterrain de cryptomonnaies en Tunisie : comment fonctionne le marché noir

Trading souterrain de cryptomonnaies en Tunisie : comment fonctionne le marché noir juin, 15 2025

Calculateur de coûts de conversion crypto en dinar tunisien

Calculateur de coûts de conversion crypto en dinar tunisien

Depuis que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a décrété en mai 2018 l’interdiction totale de toute transaction liées aux cryptomonnaies, un marché noir s’est organisé, poussé par des jeunes technophiles qui ne veulent pas renoncer aux opportunités du digital. Le trading souterrain de cryptomonnaies en Tunisie repose sur des techniques de contournement, des plateformes peer‑to‑peer et un réseau de cash‑outs qui échappent aux contrôles bancaires. Voici comment cela fonctionne, quels sont les risques et quelles évolutions pourraient bien changer le paysage.

Contexte légal : un bannissement complet

Avant 2018, les activités liées aux actifs numériques évoluaient dans une zone grise (2013‑2017). La décision du BCT a transformé cette zone en interdiction absolue : toute possession, échange ou utilisation de cryptomonnaies est considérée comme une infraction pénale. Les peines varient de l’amende à plusieurs années de prison, comme l’affaire médiatisée d’un adolescent incarcéré en 2021 pour avoir exploité un échange clandestin. Le cadre légal classe les crypto‑actifs comme «illégaux à usage public», ce qui donne aux autorités le pouvoir de geler les comptes bancaires dès la moindre suspicion de transaction liée à la blockchain.

Infrastructure du marché souterrain

Sans bourse locale, les Tunisiens se tournent vers des plateformes internationales qui offrent des services de pair à pair. Deux acteurs dominent le paysage en 2025 :

  • Binance P2P - permet d’acheter ou de vendre directement contre le dinar tunisien, moyennant un dispositif d’entiercement.
  • LocalBitcoins - service similaire, très apprécié pour son anonymat relatif.

Les traders utilisent des VPN pour masquer leur adresse IP et contourner le filtrage officiel qui bloque les sites liés aux crypto‑actifs. Grâce aux serveurs situés en Europe ou en Amérique du Nord, ils accèdent aux plateformes comme UEEx, MEXC, KuCoin, OKX, Gate.io ou Nexo, tout en restant invisibles aux systèmes de surveillance des fournisseurs d’accès tunisiens.

Cryptomonnaies les plus échangées

Les monnaies qui circulent le plus dans le réseau clandestin sont :

  • Bitcoin - valeur refuge, reconnaissance mondiale.
  • Ethereum - utilisé pour les contrats intelligents et les projets DeFi.
  • USDT - stablecoin indispensable pour éviter la volatilité lors des transferts fiat‑crypto.

Ces trois actifs couvrent plus de 85% du volume d’échanges souterrain, les autres (Litecoin, Ripple, etc.) restant de niche.

Échange secret de crypto contre argent liquide dans un café, illustré en style enfantin.

Défis opérationnels : convertir le crypto en dinar

Le principal obstacle reste la conversion en monnaie locale. Les banques tunisiennes signalent automatiquement tout mouvement suspect et bloquent les retraits liés à la crypto. Pour contourner ce verrou, les opérateurs du marché noir adoptent plusieurs stratégies :

  1. Utilisation de cash‑outs physiques : rendez‑vous dans des cafés ou des boutiques où les vendeurs acceptent les paiements en espèces contre des crypto‑actifs.
  2. Réseaux de transfert d’argent informels (hawala) - les fonds sont transférés à l’étranger, convertis, puis rapatriés sous forme de dépôts bancaires non liés directement à la blockchain.
  3. Cartes prépayées achetées à l’étranger, rechargées via des plateformes P2P, puis utilisées localement pour les achats en ligne.

Ces méthodes augmentent le coût de transaction (entre 5% et 12%) et exposent les participants à des risques de fraude.

Risques juridiques et répression

Les forces de l’ordre s’appuient sur trois leviers majeurs :

  • Surveillance des flux bancaires - tout virement vers une plateforme reconnue comme «crypto» déclenche le gel du compte.
  • Contrôle du trafic internet - le ministère des Technologies de l’Information bloque les domaines associés aux exchanges, d’où l’importance du VPN.
  • Signalement à la CTAF (Commission Tunisienne d’Analyse Financière) - les opérateurs doivent déclarer toute transaction suspecte sous 10jours sous peine de sanctions pénales.

En pratique, les arrestations restent rares mais très médiatisées, ce qui crée un effet dissuasif disproportionné par rapport au volume réel du marché.

Impact économique et fuite de talents

Le marché noir empêche l’État de percevoir les taxes potentielles sur les gains en capital et les opérations de change. De plus, les jeunes entrepreneurs spécialisés en blockchain migrent vers des écosystèmes plus ouverts comme le Canada, la Suisse ou les Émirats arabes unis, privant la Tunisie d’un vivier d’innovation. Certains semblent s’adapter en développant des projets «hors cryptomonnaies» - par exemple, des solutions de suivi de chaîne d’approvisionnement ou de vote électronique qui utilisent la technologie blockchain sans violer la loi.

Jeune développeuse tunisienne devant le parlement, imaginant un futur avec CBDC et crypto légalisée.

Perspectives d’évolution réglementaire

Depuis 2023, le parlement examine un projet de loi visant à décriminaliser la simple possession de cryptomonnaies et à instaurer un régime de licences. Le BCT a également lancé un programme de recherche sur la monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Si les réformes aboutissent, on pourrait voir apparaître :

  • Des licences de fintech autorisant des échanges à faible volume.
  • Un cadre de conformité AML/KYC plus souple pour les plateformes P2P, basé sur la coopération internationale.
  • Une possible régulation du cash‑out informel, afin de sécuriser les transferts et de collecter des taxes.

Le calendrier reste incertain, mais le marché souterrain montre une résilience qui rend improbable l’élimination totale sans adaptation législative.

Tableau comparatif : Binance P2P vs LocalBitcoins

Comparaison des plateformes P2P utilisées en Tunisie
Critère Binance P2P LocalBitcoins
Nombre d’utilisateurs actifs (2025) ≈ 12000 en Tunisie ≈ 8500 en Tunisie
Fiabilité de l’entiercement Oui - système automatisé Non - dépend du vendeur
Frais de transaction 0% (sauf frais de retrait) 2‑5% selon la partie
Possibilité d’utiliser un VPN Oui, accès direct via le site Oui, mais parfois bloqué par le stockage local
Support client en français Oui, via chat en ligne Pas de support dédié

Checklist : bonnes pratiques pour les traders clandestins (en 2025)

  • Utiliser un VPN de confiance avec double chiffrement.
  • Préférer les plateformes P2P qui offrent un système d’entiercement (ex. Binance P2P).
  • Conserver les preuves de transactions hors ligne (captures d’écran, PDF).
  • Diviser les fonds en plusieurs portefeuilles pour réduire le risque de gel complet.
  • Éviter les virements bancaires directs ; passer par des cash‑outs physiques ou des cartes prépayées.
  • Se tenir informé des évolutions législatives via les réseaux de développeurs tunisiens.

Foire aux questions

Pourquoi la Tunisie a-t-elle interdit les cryptomonnaies?

L’interdiction découle d’une volonté de protéger le système bancaire islamique et d’éviter le blanchiment d’argent. Le BCT considère les crypto‑actifs comme incompatibles avec la législation financière du pays.

Comment les Tunisiens accèdent‑ils aux plateformes P2P malgré le blocage?

Le principal moyen est d’utiliser un VPN qui masque l’adresse IP et contourne les listes noires du fournisseur d’accès. Une fois le site débloqué, les échanges se font via Binance P2P ou LocalBitcoins.

Quel est le risque d’être arrêté pour du trading underground?

Le risque inclut le gel du compte bancaire, une amende ou une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans selon la gravité. Les cas les plus médiatisés concernent les opérateurs d’échanges de grande envergure.

Quelles cryptomonnaies sont les plus utilisées dans le marché noir tunisien?

Bitcoin, Ethereum et le stablecoin USDT représentent plus de 80% des volumes. Le choix de l’USDT permet de stabiliser la valeur avant le cash‑out.

Y a‑t‑il une perspective de légalisation prochaine?

Le parlement examine un projet de loi qui pourrait décriminaliser la possession et introduire un cadre de licences. Aucun calendrier définitif n’est encore annoncé, mais la pression de la communauté tech et les initiatives de CBDC laissent entrevoir un changement.

13 Commentaires

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    Mathisse Vanhuyse

    juin 15, 2025 AT 22:18

    Le marché noir crypto en Tunisie, c’est un vrai casse-tête.

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    Filide Fan

    juin 16, 2025 AT 01:05

    J’ai vu pas mal de gens essayer le cash‑out physique, surtout dans les petites ruelles de Sfax. La méthode P2P de Binance semble assez populaire, même si les frais restent flous. Beaucoup se tournent vers le network Hawala pour éviter les banques. En gros, c’est un vrai labyrinthe, mais on trouve toujours une issue si on cherche bien!!!

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    Mariana Suter

    juin 16, 2025 AT 03:51

    Le danger principal, c’est le manque de régulation. Sans surveillance, les arnaques fusent comme des popcorns au micro‑ondes. Les comptes anonymes permettent aux escrocs de disparaître après un seul échange. Il faut rester sur ses gardes, surtout quand le prix du Bitcoin dégringole.

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    Jeroen Vantorre

    juin 16, 2025 AT 06:38

    Ce marché noir, c’est le reflet d’une politique économique ratée. Les oligarchies occidentales imposent des sanctions qui poussent nos jeunes à chercher des solutions illicites. On se retrouve piégé entre la bureaucratie et les acteurs criminels, ce qui alimente la haine anti‑EU. Bref, c’est un enfer corporatiste qui ne fait qu’alimenter la misère.

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    Veerle Lindelauf

    juin 16, 2025 AT 09:25

    Pour éviter les arnaques, privilégiez les plateformes qui offrent un escrow fiable. Vérifiez toujours l’historique du vendeur, même si c’est une perte de temps. Un petit conseil : utilisez un VPN pour masquer votre adresse IP, ça ajoute une couche de sécurité. N’oubliez pas non plus de garder une trace écrite de chaque transaction, même si c’est juste un screenshot.

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    Stéphane Couture

    juin 16, 2025 AT 12:11

    Tu exagères, ce n’est pas juste une question de politique. Les gens sont simplement à la recherche de moyens rapides pour survivre.

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    James Coneron

    juin 16, 2025 AT 14:58

    Il faut comprendre que chaque transaction clandestine crée un réseau de surveillance invisible, contrôlé par des entités qui ne cherchent qu’à renforcer leur pouvoir. En réalité, les gouvernements utilisent ces échanges souterrains pour infiltrer les communautés et collecter des données sans consentement. Chaque fois qu’on échange du crypto sur le marché noir, on alimente un système qui devient de plus en plus sophistiqué, capable de lier des adresses IP à des identités réelles grâce à des algorithmes de corrélation avancés. Les firmes de cybersécurité vendent ces informations à des acteurs privés, qui les utilisent pour faire du chantage ou de la manipulation financière. De plus, les vendeurs anonymes ne sont pas toujours des victimes innocentes ; ils opèrent souvent comme des intermédiaires pour des organisations criminelles plus larges. Le fait d’utiliser un VPN ne suffit pas, car les fournisseurs de services VPN sont parfois obligés de remettre les logs aux autorités sous pression. Même les plateformes prétendument sécurisées peuvent être compromises par des backdoors insérées par des agences de renseignement. Ainsi, chaque petite transaction devient une porte d’entrée pour un réseau d’espionnage global. Les accusations selon lesquelles le marché noir serait « une solution » sont donc un leurre, détournant l’attention du vrai problème : la centralisation du pouvoir économique. Les monnaies décentralisées, lorsqu’elles sont utilisées correctement, peuvent offrir une vraie alternative, mais seulement si la communauté s’organise pour créer des standards de confiance sans dépendre des structures opaques. En fin de compte, le véritable danger n’est pas le marché noir en soi, mais le manque de transparence et de régulation qui permet à ces forces obscures de prospérer. Il faut donc encourager l’éducation financière et la création de solutions locales légitimes, afin de réduire la dépendance aux canaux illicites. Sinon, nous continuons à alimenter un cercle vicieux où chaque transaction renforce le contrôle de ceux qui ne veulent pas que nous soyons libres.

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    Anne Sasso

    juin 16, 2025 AT 17:45

    Il convient de souligner l’importance de la conformité légale; chaque méthode doit être évaluée avec rigueur; les risques associés sont non négligeables.

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    Nadine Jansen

    juin 16, 2025 AT 20:31

    En effet, la vigilance reste essentielle lorsqu’on manipule des actifs numériques dans un cadre non réglementé.

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    Julie Collins

    juin 16, 2025 AT 23:18

    Imaginez un marché où les bitcoins s’échangent contre des tickets de bus ou des olives séchées; c’est l’univers parallèle qui se crée dans les ruelles tunisiennes! La couleur des échanges varie du bleu du ciel de Djerba au rouge des tajines. On y trouve des personnages hauts en couleur, des marchands qui parlent en codes, et des transactions qui brillent comme des feux d’artifice sous le soleil. Cela donne un portrait à la fois surréaliste et terriblement réel.

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    Anne-Laure Pezzoli

    juin 17, 2025 AT 02:05

    C’est une description vivante, mais il faut garder à l’esprit les enjeux de sécurité.

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    Denis Enrico

    juin 17, 2025 AT 04:51

    Les circuits souterrains, c’est comme un tableau impressionniste où chaque coup de pinceau représente une transaction cachée, pleine de nuances et de secrets.

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    kalidou sow

    juin 17, 2025 AT 07:38

    Ces soi‑disant « experts » n’ont aucun sens du marché; ils ne pensent qu’à profiter du chaos pour leurs propres intérêts.

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